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23 mars 2015

Carnet / Des débats toxiques, de l’abstention, de l’anxiété et de la musique de Sir Edward Elgar

 

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C’est pourquoi je n’ai pas assisté au café philo proposé vendredi à la médiathèque municipale d’Oyonnax sur le thème « la religion enferme-t-elle ou libère-t-elle ? » et qui a connu si l’on en croit la presse locale un record de participation. Faut-il s’en féliciter ou s’en inquiéter ? Je ne sais. Peut-être aurai-je l’occasion de demander aux organisateurs ce qu’ils en pensent. Partagé entre la curiosité et la crainte, inquiet d’éventuels incidents ou débordements, peu désireux d’accroître encore mon anxiété, je me suis finalement abstenu.

L’abstention, le retrait et la fuite sont des postures qui ne me remplissent pas toujours de joie (quoique, parfois...) mais qui sont le reflet de ma nature allergique à tout engagement collectif. carnet,note,journal,autobiographie,écriture de soi,prairie journal,christian cottet-emard,poésie,musique,littérature,café philo,médiathèque municipale d'oyonnax,la religion enferme-t-elle ou libère-t-elle ?,abstention,élections départementales,suffrage universel,blog littéraire de christian cottet-emard,occident,culture occidentale,sir edward elgar,cantate,scenes from the saga of king olaf,ballade,henry wadsworth longfellow,the banner of saint george,shapcott bunce,shapcott wensley,sir andrew davis,bergen philharmonic orchestra,oprano emily birsan,ténor barry banks,baryton alan opie,chœur philharmonique de bergen,collegiûm mûsicûm de bergen,hakon matti skrede,edvard grieg kor de bergen,disques chandos,cd chandos

Je pense aussi qu’en Occident, nous sommes en train de nous  laisser piéger dans des débats toxiques, d'un autre âge, qui nous tirent vers le bas et dont les sujets devraient normalement nous apparaître à notre époque comme définitivement réglés, ce qui n’est hélas pas le cas à cause de forces hostiles visant à faire éclater la société civile laïque. 

À propos d’abstention, politique cette fois-ci, j’ai assisté récemment à l’échange contradictoire aigre-doux de deux amis sur ce sujet. Le fait qu’ils aient tous deux raison, l’un de ne pas voter, l’autre d’y aller, ne change rien au problème de fond : que faire quand on a « le couteau sous la gorge » ? Ma réponse : essayer d’estimer le danger au plus juste et se débrouiller avec sa conscience.

En ce qui me concerne, j’irai donc voter ce dimanche après-midi, certes sans enthousiasme, en évitant tout vote défouloir dans une élection finalement peu politique puisqu’il s’agit tout simplement d’élire des gestionnaires. Dans le contexte de ce type de scrutin, l’abstention n’a guère de sens ou tout au plus un sens individuel dont tout le monde se fiche hormis celui qui, dans le meilleur des cas par rapport à quelqu’un qui va à la pêche, entend marquer ainsi son mécontentement, son opposition ou son indifférence.

En tous cas, voilà au moins des élections, les départementales, qui ne seront pas trop polluées et faussées par l’angoisse liée aux questions religieuses. Du moins peut-on l’espérer, sauf si un électorat exaspéré utilise ce scrutin pour (se) faire peur, une tentation et une pratique qui remet tout simplement en question l’opportunité du suffrage universel. Je veux dire que le geste démocratique de base, le vote, ne doit s’accomplir que dans la réflexion la plus élaborée dont chaque citoyen soit capable.

Si cette réflexion est emportée par un torrent d’exaspération, autant rester chez soi et, sauf à vouloir nuire délibérément, se défouler en cassant un peu de vaisselle ou en pratiquant un sport quelconque si l’on est adepte de ce genre de petite perversion.

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La religion est certes l’un des thèmes de ces deux œuvres poétiques mais les livrets étant à mon goût sans le moindre intérêt et de toute façon chantés en anglais, seule la musique d’Elgar m’intéresse et elle est somptueuse.carnet,note,journal,autobiographie,écriture de soi,prairie journal,christian cottet-emard,poésie,musique,littérature,café philo,médiathèque municipale d'oyonnax,la religion enferme-t-elle ou libère-t-elle ?,abstention,élections départementales,suffrage universel,blog littéraire de christian cottet-emard,occident,culture occidentale,sir edward elgar,cantate,scenes from the saga of king olaf,ballade,henry wadsworth longfellow,the banner of saint george,shapcott bunce,shapcott wensley,sir andrew davis,bergen philharmonic orchestra,oprano emily birsan,ténor barry banks,baryton alan opie,chœur philharmonique de bergen,collegiûm mûsicûm de bergen,hakon matti skrede,edvard grieg kor de bergen,disques chandos,cd chandos

À qui partagerait ma passion pour les œuvres de Sir Edward Elgar, je recommande cet enregistrement Chandos tout récent de Sir Andrew Davis à la direction du Bergen Philharmonic Orchestra avec la soprano Emily Birsan, le ténor Barry Banks, le baryton Alan Opie, le Chœur philharmonique de Bergen, le Collegiûm Mûsicûm de Bergen dirigés par Hakon Matti Skrede, et le Edvard Grieg Kor de Bergen.

 

Photos d'Elgar prise ici

06 janvier 2015

Carnet / Du chant des possibles

Une rareté désormais : la carte de vœux fabrication maison en exemplaire unique reçue l’autre jour au courrier. Au verso d’une belle photo, l’amie de trente ans a recopié un instantané de François Xavier Maigre, un poète que je ne connaissais pas, publié aux éditions Bruno Doucey : 

« Janvier. Son parfum hivernal, sa fraîcheur drue sur nos visages. le vent qui souffle... L’entendez-vous ? C’est le chant des possibles qui érafle les fenêtres de nos vies. »

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Chez moi après les récentes chutes de neige

Chaque année le lendemain de l’Épiphanie, je regarde avec un petit pincement au cœur mon épicéa de Noël qui a perdu sa couleur et ses aiguilles mais dont le parfum rappelle encore ces fêtes de fin d’année pour moi toujours éclairées d’une certaine magie malgré tout ce qu’on leur reproche en ces temps de cynisme nanti et d’affectation blasée. C’est ma culture, avec ses imperfections, mais je m’y sens à l’aise et sans souhaiter la brandir comme un drapeau, je ne voudrais pas la voir remplacée par une autre

Je suis bien conscient de la nécessité de ne pas tomber dans certains pièges politiques sordides mais je pense aussi que refuser de hurler avec les loups ne signifie pas pour autant accepter de bêler avec les agneaux.


J’ai rythmé les fêtes avec les somptueux motets de Jean Gilles (Cantate Jordanis incolæ, Diligam te Domine), le fracassant Te Deum Dettingen de Haendel et des pièces pour orgue de Gaston Litaize, notamment sa Sonate à deux pour grand orgue, à quatre mains, et son étonnant Cortège pour trois trompettes, trois trombones et orgue

J’avais besoin de ces musiques pleines d’élan vital et de beauté pour tenter d’éloigner les vulgarités (hystérie sportive locale variée, passage à ma porte du lancer de Cochonou, autrement dit le Tour de France) et les chagrins de cette année 2014 qui s’est très bien terminée sur le plan matériel mais qui fut désastreuse sur le plan relationnel. Au milieu de ces chefs-d’œuvre musicaux, ma brève incursion dans l’univers symphonique du compositeur Howard Hanson ne m’a pas convaincu. Ce n’était peut-être pas le bon moment pour cette découverte. 

On ne peut pas me soupçonner de me défier de la musique dite contemporaine, ma discothèque peut en témoigner, mais encore moins de renoncer à mes goûts personnels. 

À cet égard, certaines « œuvres » me paraissent relever de la plus éhontée culture des poires, notamment celle d’un « compositeur » d’aujourd’hui dont j’ai oublié le nom et les sons (les trous de mémoire ont parfois du bon) mais pas le comique involontaire de son entretien avec une journaliste, laquelle, manifestement bien intentionnée, lui déclarait après avoir diffusé un salmigondis d’indigents borborygmes carnet,note,journal,autobiographie,écriture de soi,blog littéraire de christian cottet-emard,voeux,meilleurs vœux,cartes de voeux,janvier,poésie,françois xavier maigre,éditions bruno doucey,messe de minuit,saint pierre de Rome,italie,concert du nouvel an,vienne, autriche,musique,strauss,offenbach,howard hanson,jean gilles,Haendel,motets,gaston litaize,orgue,épiphanie,épicéa,chauve-souris,barcarolle,contes d'hoffmann,marche de radetsky,facebook,amis,christian cottet-emard,occident,culture occidentale,art occidental,pompe écclésiastique,agnostique,agnosticisme,pape françois,culture chrétienne,france musique,radio,te deum dettingen,hystérie sportive,vulgarité,chagrin,humeur« je crois discerner dans cette pièce de subtils effets de miroirs, une composition en strates » (!) Et notre compositeur de lui répondre sur le ton matois caractéristique des adeptes et profiteurs de la culture des poires, tout heureux qu’on puisse trouver à leurs productions un intérêt, une beauté ou un sens qu’ils s’étaient abstenus d’y inclure : « Euh... Eh bien oui, on peut l’entendre ainsi, pourquoi pas ? » Ma foi oui, pourquoi pas ! Quant à moi, auditeur tombé par hasard sur cette séquence, j’aurais pu croire qu’un voisin bricolait mais comme je n’ai pas de voisin... Forcément, c’était France Musique !

Moins sonné psychologiquement qu’en fin 2013, j’ai réussi à me remettre un peu dans l’ambiance que j’agrémente chaque année de deux petits rituels : je regarde à la télé les retransmissions en direct de la messe de minuit à Saint-Pierre de Rome et du concert du nouvel an à Vienne. 

Cette année, je craignais une perte d’éclat de cette grande messe en raison du style du Pape François enclin à plus de simplicité. Ce ne fut heureusement pas le cas, voire tout le contraire, avec en prime d’accompagnement musical, en plus de l’orgue et des chants, le concours d’un orchestre de chambre avec des solistes ! Une ambiance de concert

Bien qu’étant agnostique, j’ai toujours aimé la pompe ecclésiastique sans laquelle des pans entiers de l’art occidental n’existeraient pas. Quant au concert du nouvel an, j’en aime depuis l’enfance ses morceaux de bravoure. J’ai toujours la larme à l’œil en écoutant la barcarolle des contes d’Hoffmann, je vibre à l’ouverture de la Chauve-Souris et la Marche de Radetsky m’électrise !

Après ces propos scandaleux, il ne me reste plus qu’à m’amuser à compter le nombre d’amis facebook qui m’auront viré... Les autres, en chair et en os, après avoir entendu bien pire, sont encore là, et c’est l’essentiel.

18 octobre 2014

Carnet / Du voyage

Les clochettes des vaches tintent dans la nuit derrière la fenêtre de mon bureau. Ce soir, j’ai encore manqué l’occasion de me coucher un peu plus tôt. Je suis comme les enfants, je n’arrive pas à me résoudre à aller au lit. Je suis tourmenté par des envies de sucre et de tabac. Si je cède à la tentation d’une friandise sucrée, je sais que j’enchaînerai avec un cigare. J’en ai fumé plusieurs dans la journée, il ne faut pas exagérer...

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C’est en veillant que je pense le plus au voyage. Je suis pourtant très casanier. Je ne voyage pas pour découvrir d’autres cultures, j’ai déjà encore assez à apprendre de la mienne, la culture occidentale. En voyage, je ne cherche pas spécialement le contact avec les gens du pays que je visite, ce qui ne m’empêche pas d’apprécier la gentillesse et la courtoisie qu’on trouve beaucoup plus à l’étranger qu’en France.

À l’étranger, j’aime loger dans des hôtels confortables et anonymes avec des petits déjeuners copieux et standards. Mes pays de prédilection sont l’Italie et le Portugal. Je connais bien la Belgique où j'ai de la famille et où je passais mes vacances d'été lorsque j'étais enfant. La première fois que j'ai vu la mer, c'était la mer du Nord (Ostende, Coxyde, Knokke-Le Zoute).

Ces deux dernières années, j’ai privilégié Lisbonne comme destination. Je ne peux voyager que dans des contrées et des villes où je me sens en sécurité, ce qui exclut un ou deux continents et un grand nombre de pays où je n’ai aucune intention de mettre les pieds de toute ma vie. Les vrais voyageurs à l’esprit aventureux et las de l’Occident me considèrent comme un rigolo, un touriste. C’est précisément ce que je suis et je n’en éprouve aucune honte.

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Pour moi, le voyage, c’est me retrouver à dix heures du matin à Lisbonne en train de fumer un cigare et de boire un café au soleil pendant que les gens de mon Jura entendent crépiter la toile de leur parapluie sous l’averse. Dix heures du matin dans une grande ville étrangère, de préférence du sud de l’Europe, est pour moi le temps du voyage, son heure magique, le moment où je me retrouve moi-même, où je ne suis plus en pilote automatique, où je bénéficie d’une sorte d’immunité diplomatique, où rien d’autre ne me concerne que la disponibilité à l’air du temps, où en tant qu’étranger je ne suis responsable de rien, hors de l’Histoire, essentiellement occupé à des futilités, à flâner, à voir, à rêver éveillé, à m’intéresser à ce qui n’intéresse personne, à faire de menus achats, à photographier un tramway à Lisbonne et un vaporetto à Venise.

Ce que je sais dans ces moments légers, c’est qu’au retour, une fois chez moi en attente dans la nuit de ma campagne jurassienne comme à un arrêt ou à une station fantômes, ce tramway et ce vaporetto reviendront me chercher à ma porte, comme s’ils surgissaient en lisière des forêts d’épicéas où, derrière ma fenêtre, tintent les clochettes des troupeaux.

Photos : Lisbonne, tramway dans le soir humide. Venise, vaporetto sous le pont Rialto. (Photos © Christian Cottet-Emard)